Un des aspects les plus saillants de l’expérience que l’Université de Strasbourg fait au cours de la crise du Covid-19 est celle du lien. Depuis le début du confinement, l’enjeu est bien de garder le lien, ne serait-il que par téléphone ou visioconférence. Si l’université n’accueille plus physiquement les étudiants et pas plus de personnels, elle n’en continue pas moins de tourner. Nous avons développé nombre d’outils et multiplié les rendez-vous par téléphones ou écrans interposés.
À ce sujet, une question de vocabulaire donne à penser. Pour désigner ces réunions à distance, nous parlons le plus souvent de réunions ou de conférences « virtuelles ». Or les dictionnaires sont clairs quand ils définissent l’adjectif « virtuel » : il qualifie ce « qui est seulement en puissance et sans effet actuel ». Ma remarque ne relève pas de la cuistrerie du prétendu sachant, mais procède de l’observation. Nos réunions, nombreuses, nos conférences, fréquentes, nos rendez-vous sont tout sauf virtuels. Certes, sous un mode dégradé, mais non moins réel, notre université continue de fonctionner. Notre défi est de garder le lien.
À ce titre, l’initiative, entre beaucoup d’autres, de la création de Glue mis en place par l’Idip est exemplaire. On appréciera l’acronyme… Il signifie : garder le lien université-étudiants. Il s’agit d’un fil d’information qui doit permettre aux étudiants de trouver sur ce site le maximum d’informations utiles pour rester en lien avec leur université. Garder le lien : voilà l’enjeu. Ce lien, donc, est maintenu, grâce à la technologie digitale – un grand merci, en passant, à nos informaticiens ! – Ce lien numérique permet aussi aux personnels de poursuivre a minima l’activité de notre grande maison.
Virtuels, les cours en ligne, les conseils centraux, les réunions de services ? Non ! Bien réels. Les liens qui permettent l’activité pédagogique ; la tenue de conseils et de commissions avec des possibilités de votes électroniques ; les rendez-vous professionnels : tout sauf virtuels, ils sont bien notre réalité quotidienne. Bien entendu, nous piaffons tous à l’horizon d’un 11 mai qui ne sera pas « le » déconfinement, mais bien plus le commencement d’un long processus. Quelque difficile que soit cette gestion du quotidien par écrans interposés, elle n’en permet pas moins de garder le lien.
Ce qui nous lie n’est pas virtuel, mais bien réel. Ce qui nous lie, ce sont toutes ces initiatives pour que nos étudiants puissent finir aussi bien que possible leur année et que celle-ci soit sanctionnée par un diplôme. Un diplôme non pas virtuel, mais bien réel.
Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg